Élisabeth Borne

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Élisabeth Borne, née le 18 avril 1961 à Paris, est une haute fonctionnaire et femme d’État française.

Polytechnicienne, ingénieure générale des ponts et chaussées, préfète de la région Poitou-Charentes de 2013 à 2014 puis directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie de 2014 à 2015, elle est présidente de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) de 2015 à 2017.

Longtemps proche du Parti socialiste, elle rejoint La République en marche dès la première campagne présidentielle d’Emmanuel Macron puis est nommée ministre chargée des Transports en mai 2017 dans le premier gouvernement Édouard Philippe, sous la première présidence d’Emmanuel Macron. En juillet 2019, elle est nommée ministre de la Transition écologique et solidaire, en remplacement de François de Rugy, démissionnaire. Elle est nommée l’année suivante ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion dans le gouvernement Jean Castex. Elle rejoint le parti Territoires de progrès courant 2020.

Le 16 mai 2022, à la suite de la réélection d’Emmanuel Macron, elle est nommée Première ministre, devenant la seconde femme à occuper ce poste.

Biographie
Naissance et famille
Élisabeth Borne naît le 18 avril 1961 dans le 15e arrondissement de Paris du mariage de Joseph Borne, né Bornstein1 (1924-1972) à Anvers en Belgique, et de Marguerite Lescène (1920-2015)2, pharmacienne à Livarot dans le Calvados3. Le père de cette dernière, Marcel Lescène (1892-1956), également pharmacien4,b, est maire de Livarot6,7 de 1938 à 1945 et de 1947 à 1953. En 1950, Joseph Bornstein, Juif d’origine russe8 jusqu’alors apatride9, résistant10 rescapé des camps de concentration nazis d’Auschwitz et de Buchenwaldc, obtient la nationalité française. Il reprend le nom de Borne, son nom de guerre figurant sur ses faux papiers13. Après la Seconde Guerre mondiale, Joseph et Marguerite Borne dirigent un laboratoire pharmaceutique dans le 15e arrondissement de Paris21. Après le suicide de son père en 1972 alors qu’elle n’a que 11 ans16, Élisabeth Borne devient pupille de la Nation, ce qui lui permet d’obtenir une bourse d’études22. Élisabeth Borne a une sœur prénommée Anne-Marie23.

Le 30 juin 1989, Élisabeth Borne épouse Olivier Allixd à Lésigny en Seine-et-Marne. De cette union naît en 1995, un garçon, Nathan27,28,e. Le couple divorce le 17 décembre 200821.

Études et formation
Élisabeth Borne, après des études à l’institution de la Providence à Paris, est élève au lycée Janson-de-Sailly (1977-1981), où elle passe son baccalauréat puis deux années de classes préparatoires aux grandes écoles29. À la suite du concours, elle intègre l’École polytechnique (promotion 1981)30,31, et en sort dans le corps des ponts et chaussées. Elle obtient le diplôme d’ingénieur de l’École nationale des ponts et chaussées en 198632,27 et le Master of Business Administration (MBA) du Collège des ingénieurs33.

Au sein du corps des ponts et chaussées, elle est promue au grade d’ingénieur en chef en 1998 puis au grade d’ingénieur général le 1er février 200734.

Carrière professionnelle
Elle commence sa carrière en 1987, quand elle intègre le ministère de l’Équipement auprès de Pierre Méhaignerie, avant de rejoindre la direction régionale de l’Équipement d’Île-de-France en 198935. Au début des années 1990, elle est conseillère au ministère de l’Éducation nationale auprès de Lionel Jospin puis de Jack Lang36.

Après un passage chez Sonacotra (renommée Adoma en 2007) en tant que directrice technique, elle rejoint en 1997 le cabinet de Lionel Jospin à l’hôtel de Matignon comme conseillère technique chargée des transports pendant cinq ans37.

En 2002, elle est nommée directrice de la stratégie de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), puis rejoint la société Eiffage en 2007 en tant que directrice des concessions. De 2008 à 2013, elle est directrice générale de l’urbanisme à la mairie de Paris sous le mandat de Bertrand Delanoë38.

En février 2013, elle est nommée préfète de la région Poitou-Charentes et préfète de la Vienne ; elle est la première femme à occuper ce poste39,40.

Élisabeth Borne en 2015, avec notamment Vincent Bolloré et Nicolas Beytout.
De 2014 à 2015, elle est directrice du cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie41,42. À ce poste, elle mène, conjointement avec Alexis Kohler, alors directeur de cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, les discussions d’un groupe de travail parlementaire sur les autoroutes faisant suite à plusieurs rapports de la Cour des comptes, du Sénat, de l’Assemblée nationale et de l’Autorité de la concurrence critiquant « la rentabilité exceptionnelle » des autoroutes « assimilable à une rente » ; selon Radio France, Élisabeth Borne et Alexis Kohler « font passer un message assez clair : d’après eux, la marge de manœuvre de l’État avec les sociétés d’autoroutes est très mince »43. Dans le même temps, Élisabeth Borne et Alexis Kohler négocient le protocole d’accord signé en avril 2015 entre l’État et les sociétés concessionnaires d’autoroutes dont le contenu n’est rendu public qu’en 2019, après recours devant le Conseil d’État44, qui allonge jusqu’à six ans les concessions accordées aux groupes privés et élabore un rattrapage tarifaire qui se traduit par un surcoût de 500 millions d’euros pour les usagers, selon les calculs de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER)43,45. En 2019, le cabinet d’Élisabeth Borne affirme que l’annonce, en décembre 2014, par Ségolène Royal, d’un gel des tarifs des péages, contrairement aux accords prévus avec les sociétés d’autoroutes, a « introduit une dernière ligne droite de négociations très dures et une position très défavorable pour l’État », mais considère que l’accord est « sans conteste positif puisqu’il a permis d’éviter à l’État des procédures de litiges qui lui auraient immanquablement été défavorables » et de « rééquilibrer [les] relations contractuelles [de l’État] avec les sociétés concessionnaires »43.

Le 1er mai 2015, elle succède à Pierre Mongin à la tête de la Régie autonome des transports parisiens (RATP)46,21. Le 11 mars 2016, elle annonce sur RTL le recrutement de « 3 000 nouveaux collaborateurs » au cours de l’année 2016 au sein de la RATP 47. Elle est remplacée le 2 août 2017 par Catherine Guillouard48.

Parcours politique
Longtemps proche du Parti socialiste, elle vote pour Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017, puis rejoint La République en marche49,50.

Ministre chargée des Transports
En mai 2017, elle est nommée ministre chargée des Transports auprès de Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, dans le premier gouvernement Édouard Philippe, et est reconduite dans ses fonctions le 21 juin 2017, au sein du second gouvernement Édouard Philippe.

En juillet 2017, elle annonce vouloir donner la « priorité aux déplacements de la vie quotidienne », estimant que « l’argent doit prioritairement aller à l’entretien et à la modernisation » des réseaux existants51. Dans cette logique, elle s’engage le 13 décembre 2017 pour un « plan national vélo » interministériel52.

Élisabeth Borne, alors ministre chargée des Transports, en 2017.
Début 2018, elle conduit une réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) consistant en l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, la transformation du statut de l’entreprise et l’arrêt du recrutement au statut de ses agents à partir du 1er janvier 2020, ainsi que la reprise progressive par l’État de 35 milliards d’euros de la dette de l’entreprise publique53,54.

Confrontée à la plus longue grève de la SNCF55 depuis plusieurs décennies, elle fait tout de même voter cette réforme à une large majorité56. Cette réforme lui attire l’hostilité d’une partie importante du monde cheminot et de la gauche radicale, qui l’accusent d’affaiblir le secteur ferroviaire, en particulier les petites lignes et le fret (Fret SNCF), en la tenant pour responsable de la fin du train de fruits et légumes reliant Perpignan à Rungis57.

Elle présente le 26 novembre 2018 en Conseil des ministres le projet de loi d’orientation des mobilités58, qui traduit la volonté du gouvernement de donner la priorité aux transports du quotidien, et qu’elle présente comme « un antidote aux fractures sociales et territoriales »59.

En juillet 2019, elle annonce la mise en place d’une « écotaxe » d’un montant de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion à partir de 2020 pour tous les vols au départ d’aéroports français, sauf pour les vols en correspondance et ceux vers la Corse ou les territoires français d’outre-mer : celle-ci doit rapporter 182 millions d’euros à partir de 2020, destinés à des investissements pour des infrastructures de transports plus écologiques, notamment le ferroviaire. Elle est votée en octobre 2019 par l’Assemblée nationale et intégrée à la taxe de solidarité sur les billets d’avion créée en 200560,61. Selon Les Décodeurs du journal Le Monde, « rapportée au montant d’un billet pour se rendre à l’autre bout de l’Europe ou du monde, cette taxe représente une faible contribution » et « un montant trop faible pour avoir un effet »62.

En juin-juillet 2019, alors que s’achève l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités à l’Assemblée, trois de ses huit conseillers quittent son cabinet, dont Julien Dehornoy63, directeur de cabinet par intérim depuis la nomination en février 2019 de son premier directeur de cabinet, Marc Papinutti, comme directeur général des Infrastructures, des Transports et de la Mer64.

Ministre de la Transition écologique et solidaire
Le 16 juillet 2019, à la suite de la démission de François de Rugy, Élisabeth Borne est nommée ministre de la Transition écologique et solidaire65. Elle n’est pas ministre d’État, contrairement à ses deux prédécesseurs Nicolas Hulot et François de Rugy, et conserve dans un premier temps le plein exercice de ses attributions sur le portefeuille des Transports66. Le 3 septembre 2019, celles-ci sont finalement déléguées à Jean-Baptiste Djebbari, nommé secrétaire d’État auprès d’elle67,68.

Le quotidien L’Opinion indique qu’elle « est largement reconnue, dans ses rangs comme en dehors, comme une ministre qui maîtrise ses dossiers et sait les mener à terme », mais relève « son manque de poids politique »69. En raison de précédentes déclarations jugées peu favorables à l’environnement, notamment au sujet de la taxation des carburants maritimes ou du kérosène dans l’aviation, certaines personnalités et associations se montrent sceptiques quant à la réussite de sa mission70. BFM TV estime qu’en tant que ministre des Transports, elle ne s’est « jamais départie d’une grande prudence au moment d’aborder les chapitres environnementaux de la politique nationale71 ». Selon un sondage BVA mené peu après son entrée en fonction, 60 % des Français interrogés ne lui font pas confiance pour faire de la cause environnementale une priorité de son action dans les prochains mois72. En réponse aux critiques à son égard, elle déclare ne pas avoir « de leçons à recevoir sur l’écologie » et se définit comme « une écologiste de terrain »73.

Alors que, depuis le début de la première présidence d’Emmanuel Macron, les ministres peuvent disposer au maximum de dix collaborateurs au sein de leurs cabinets, elle en obtient quinze. Elle emmène avec elle la quasi-intégralité de son cabinet au ministère des Transports, et conserve Cyril Forget, jusqu’alors directeur adjoint de cabinet de François de Rugy, ainsi que trois conseillers du pôle « transition écologique » de François de Rugy. Jack Azoulay et Baptiste Perrissin-Fabert, les deux directeurs de cabinet d’Emmanuelle Wargon et Brune Poirson, sont également directeurs de cabinet adjoints d’Élisabeth Borne74.

Élisabeth Borne en 2019.
Elle entame l’exercice de sa fonction avec la défense au Parlement du projet de loi Énergie Climat, commencée par François de Rugy57. Celle-ci déclare « l’urgence écologique et climatique » et actualise notamment les objectifs de la politique énergétique de la France, en prévoyant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, une baisse de 40 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030 (contre 30 % précédemment), et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022. Elle décale également de 2025 à 2035 la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique. Elle est définitivement adoptée par le Parlement le 26 septembre 2019, et promulguée le 9 novembre 201975.

En septembre 2019, Élisabeth Borne et Bruno Le Maire envoient une lettre à Jean-Bernard Lévy, président d’Électricité de France (EDF), en lui donnant une feuille de route précise pour « être en mesure de répondre à l’exécution d’un programme de construction de trois paires de réacteurs sur trois sites distincts »76. Alors que Jean-Bernard Lévy annonce, le mois suivant, la prochaine construction de six nouveaux réacteurs EPR, la ministre de la Transition écologique assure que rien n’a été « tranché », qu’il s’agit d’un « scénario parmi d’autres », et qu’aucune décision ne sera prise avant la mise en service de l’EPR de Flamanville77. Elle appelle également EDF à « réfléchir » à son rôle au cas où un scénario « 100 % énergies renouvelables » serait retenu à terme pour la fourniture d’énergie en France, aux dépens de nouvelles centrales nucléaires78. En juin 2020, elle déclare être confortée « dans l’idée qu’il faut avoir un mix électrique diversifié », et estime que « dépendre d’une source d’électricité à 70 % [à savoir le nucléaire] n’est pas la façon d’être le plus résilient »79. Elle mène à terme la mise à l’arrêt définitive, fin juin 2020, de la centrale nucléaire de Fessenheim80, qu’elle qualifie de « moment historique » se félicitant d’avoir acté cette décision81,82.

En novembre 2019, elle annonce l’abandon du projet EuropaCity, tout en maintenant le projet d’urbanisation du Triangle de Gonesse et celui de la gare le desservant83. Selon Le Monde, alors que l’exécutif hésitait avec un sursis de quelques mois, Élisabeth Borne plaidait pour l’arrêt immédiat du projet83.

En novembre 2019, alors que l’Assemblée nationale vote, après un avis favorable du gouvernement — de fait, de Gérald Darmanin, seul ministre présent au moment du vote —, un amendement reportant de 2020 à 2026 l’effacement de l’huile de palme de la liste des biocarburants qui bénéficient de la minoration de la taxe générale sur les activités polluantes, Élisabeth Borne fait part de son « incompréhension » tant « sur le fond de l’amendement que sur la forme, avec une absence de débat »84,85. Le Premier ministre Édouard Philippe demande qu’un nouveau vote se tienne à l’Assemblée85.

Selon l’agence de presse Reuters qui cite « plusieurs sources », « le premier vote sur ce sujet sensible s’est fait dans le dos d’Élisabeth Borne, qui a œuvré pour obtenir une deuxième délibération aboutissant finalement au maintien de l’huile de palme sur la liste des biocarburants taxés à partir du 1er janvier 2020, au grand dam de Total qui avait milité pour un sursis jusqu’en 2026 » afin d’alimenter la plateforme de la Mède86. Reuters ajoute que cet épisode « témoigne des tiraillements entre deux ministères essentiels de la galaxie Emmanuel Macron, écartelée entre ses promesses vertes et son souci d’encourager l’activité économique86. »

En décembre 2019, la Direction générale des Douanes et Droits indirects publie une note qui maintient l’exonération fiscale pour un sous-produit de l’huile de palme (les « acides gras de palme », dits PFAD), malgré la suppression du principe de cet avantage par le Parlement. Le cabinet d’Élisabeth Borne réagit en affirmant qu’« il n’y aura pas de décision en catimini sur les critères de durabilité des PFAD », et qu’« une concertation large et transparente se tiendra début janvier avec les acteurs économiques comme avec les associations environnementales »87,88.

Lors du Black Friday de 2019, qui suscite la polémique en raison de ses conséquences environnementales, Élisabeth Borne met en cause ce qui, selon elle, « est d’abord une énorme opération commerciale des grandes plateformes en ligne », « dont [elle] ne pense pas qu’elles soient les amies des petits commerçants ». Elle dénonce également le fait que cet événement engendre « des milliers de colis en France avec tout ce que ça pose comme problèmes d’embouteillages, de pollution, d’émissions de gaz à effet de serre89. »

En janvier 2020, elle est accusée par le magazine Marianne d’avoir omis de déclarer un poste détenu en 2015-2016 dans le formulaire qu’elle a déposé auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Le cabinet de la ministre répond qu’elle n’était pas obligée de déclarer cette fonction dans sa déclaration d’intérêts et que cette interprétation a été validée par la Haute Autorité précitée90. En juin 2020, la HATVP demande à Élisabeth Borne de modifier sa déclaration d’intérêts91, tout en considérant que les règles applicables étaient sujettes à interprétation et que les omissions en cause n’étaient pas « de nature à caractériser un risque de conflit d’intérêts » avec la fonction de ministre de la Transition écologique et solidaire92.

Élisabeth Borne portant un masque contre le coronavirus, en 2020.
En mai 2020, lors du déconfinement consécutif à la pandémie de Covid-19 en France, elle lance la création d’un plan destiné à favoriser la réparation des vélos. Ce plan, dit « coup de pouce vélo » et accompagné du déploiement temporaire de pistes cyclables, aurait permis, mi-juin 2020, de procéder à la remise en état d’environ 170 000 vélos93. En juin, elle annonce le triplement du budget alloué à ce plan, pour viser « le million de vélos remis en état d’ici à la fin de l’année »80.

Peu avant le terme des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, elle se dit favorable, « à titre personnel », à l’organisation d’un référendum sur les mesures proposées par celle-ci, estimant que « des questions multiples permettraient de faire partager les travaux de [la Convention] avec tous les Français »94,95. Elle se dit également favorable, « à titre personnel », à l’abaissement de la limite de vitesse sur autoroute à 110 km/h, proposée par la Convention96. Le 21 juin 2020, elle reçoit au nom de l’exécutif les propositions de la Convention citoyenne pour le climat97. Comme Emmanuel Macron, elle assure que les 146 propositions retenues par le président de la République (sur 149) « seront mises en œuvre »80.

Lors de son départ du ministère, Le Monde, Libération et La Croix estiment qu’elle n’a pas réussi « à mettre la protection de l’environnement au cœur des décisions du gouvernement », faute de marges de manœuvre conséquentes, dans la lignée de ses prédécesseurs98,80,99. Elle a mené à terme trois chantiers législatifs : la loi Énergie Climat, la loi d’orientation des mobilités et la loi sur l’économie circulaire98.

Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion

Élisabeth Borne lors d’une conférence ministérielle, en 2022.
Le 6 juillet 2020, lors de la constitution du gouvernement Jean Castex, elle est nommée ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion100. Elle succède à Muriel Pénicaud, à la tête d’un ministère du Travail étendu, et récupère le dossier jugé crucial des retraites101, précédemment dévolu au ministère des Solidarités et de la Santé.

Peu après, elle annonce, à la suite du Premier ministre Jean Castex, que la priorité pour la rentrée de septembre 2020 doit être donnée à l’emploi, notamment à celui des jeunes, et que la mise en place de la réforme des retraites et de l’assurance chômage est par conséquent reportée au 1er janvier 2021102.

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, elle annonce, à la suite de discussions avec les partenaires sociaux, la généralisation à partir du 1er septembre 2020 du caractère obligatoire du port du masque en entreprise dans les espaces fermés103. Elle évoque toutefois la possibilité d’adapter cette règle aux situations spécifiques104.

En février 2021, dans une tribune au Monde, elle défend l’extension de la garantie jeunes contre celle du revenu de solidarité active (RSA) aux personnes de moins de 25 ans105.

Elle rejoint Territoires de progrès courant 2020106.

Hostile à la première version de la réforme de l’assurance chômage portée par Muriel Pénicaud, notamment en raison du fait qu’elle puisse aboutir à distribuer tous les mois un montant moins élevé que celui du RSA à un chômeur ayant précédemment travaillé au SMIC à temps plein, elle fait passer une seconde version, selon Mediapart « pourtant à peine moins sévère pour bon nombre de demandeurs d’emploi », mais plutôt soutenue dans l’opinion de l’avis même des confédérations syndicales, y compris parmi une partie de l’électorat de gauche. Le même site indique qu’elle peut « se targuer d’une nette baisse du nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi, malgré la crise sanitaire du Covid, et même si ces bons chiffres s’expliquent très largement par un financement quasi intégral de l’apprentissage de la part du gouvernement, qui a permis l’explosion du nombre d’apprentis, de 480 000 contrats fin 2019 à au moins 900 000 deux ans plus tard »107.

En mai 2022, elle est investie candidate de la majorité aux élections législatives dans la sixième circonscription du Calvados, ce que Le Monde qualifie de « parachutage à faible risque », puisque au second tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a obtenu près de 57 % des voix108 ; elle dément être parachutée, rappelant qu’une partie de sa famille est issue du département109.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, la juge « rugueu[se], parfois, dans la confrontation » quand la plupart des responsables syndicaux l’estiment ouverte à la discussion110.

Première ministre
Articles connexes : Premier ministre français et Gouvernement Élisabeth Borne.
Nomination
Le 16 mai 2022, Élisabeth Borne est nommée Première ministre par le président de la République Emmanuel Macron, succédant à Jean Castex111.

Elle devient la deuxième femme à occuper ce poste après Édith Cresson (1991-1992)112,113. Elle est également la première personnalité issue de La République en marche (LREM) à occuper cette fonction, ses prédécesseurs Édouard Philippe et Jean Castex n’étant pas membres du parti présidentiel107. Après Georges Pompidou, Raymond Barre et Dominique de Villepin, elle est, enfin, le quatrième chef du gouvernement sous la Ve République à n’avoir jamais brigué un mandat électif au suffrage universel avant sa nomination114.

Exercice de la fonction

Élisabeth Borne au Parlement européen en 2022.
D’après le décret du 20 mai 2022 relatif à la composition du gouvernement, Élisabeth Borne est « Première ministre, chargée de la planification écologique et énergétique »115. C’est la première fois qu’un Premier ministre possède directement une attribution116,f. L’expression de « planification écologique » figurait dans le programme électoral de deux candidats à l’élection présidentielle de 2022, celui de Jean-Luc Mélenchon (qui prévoyait la création d’un Conseil à la planification écologique rattaché au Premier ministre117) et celui d’Emmanuel Macron (qui a annoncé dans l’entre-deux-tours que son Premier ministre serait « chargé de la planification écologique »118). Aussi, la politique environnementale ne dépend plus d’un grand ministère de l’Écologie, mais est dorénavant divisée en deux ministères : le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, d’une part, et le ministère de la Transition énergétique, d’autre part116. La Première ministre, quant à elle, est chargée de faire en sorte que « l’action écologique soit plus transversale »116.

Le 20 mai 2022, Élisabeth Borne annonce que le premier projet de loi examiné portera sur le pouvoir d’achat, ajoutant que « les inquiétudes des Français » sur ce sujet avaient « bien été entendues ». « On travaille sur un chèque alimentation qui fera partie de ce projet de loi, mais aussi sur des mesures de bouclier tarifaire, et la réduction des prix du carburant sera prolongée. Il y a aussi des mesures qui étaient attendues, comme la revalorisation des retraites et le triplement de la prime Macron »119, 120,121.

Le 6 juillet 2022, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, elle annonce la renationalisation EDF à 100 %122 et la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés, le plein emploi, l’égalité des chances, la souveraineté123,124,125,126.

Durant ses six premiers mois à Matignon, elle recourt dix fois à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution et dépasse le nombre de 49.3 déclenchés par tous les Premiers ministres de la Cinquième République, à l’exception de Michel Rocard127,128,129,130,131,g.

Élections législatives de 2022
Articles connexes : Élections législatives françaises de 2022 et Élections législatives de 2022 dans le Calvados.
Élisabeth Borne, qui n’a jamais brigué un mandat électif au suffrage universel, est candidate à la députation aux élections législatives de juin 2022 dans la sixième circonscription du Calvados133. Le député sortant Alain Tourret (LREM), affaibli par la maladie de Parkinson, ne se représente pas et met un terme à sa carrière politique à l’issue de son mandat134. L’Élysée annonce que les ministres battus dans leur circonscription devront présenter leur démission135. Elle arrive en tête à l’issue du premier tour avec 34,32 % des suffrages exprimés devant le candidat de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), Noé Gauchard (24,53 %). Elle est élue au second tour avec 24,30 % des inscrits et 52,46 % des suffrages exprimés136.

Le 21 juin 2022, Élisabeth Borne présente la démission de son gouvernement au président de la République Emmanuel Macron — démission traditionnelle à la suite d’un scrutin législatif — mais celui-ci la refuse « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche », alors que la coalition présidentielle Ensemble ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale137.

À la suite de sa réélection comme députée lors de ce scrutin, Yaël Braun-Pivet, ministre des Outre-mer, présente sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale. Cette fonction étant incompatible avec un poste au sein du gouvernement, il y est mis fin par décret gouvernemental à compter du 25 juin 2022138. Élisabeth Borne est nommée par le même décret à la tête du ministère des Outre-mer par intérim139. Gérald Darmanin devient ministre de l’Intérieur et des Outre-mer le 4 juillet 2022.

Polémiques
Vapotage à l’Assemblée nationale et au Sénat
Élisabeth Borne est surprise de nombreuses fois à vapoter une cigarette électronique à l’Assemblée nationale, au Sénat, ou bien encore sur des plateaux de télévision, malgré l’interdiction par le Code de la santé publique de fumer sur les lieux de travail fermés et couverts à usage collectif140.

Polémique après avoir suggéré à une femme en fauteuil roulant de retourner à la vie professionnelle
Invitée au micro de France Bleu le 7 juin 2022, Élisabeth Borne conseille à une femme handicapée, privée de l’allocation aux adultes handicapés en raison des revenus de son conjoint, de reprendre une activité professionnelle. L’auditrice lui explique que, financièrement dépendante de son mari, elle demande la « déconjugalisation » de l’allocation aux adultes handicapés, et qu’elle ne peut pas reprendre une activité professionnelle étant donné qu’elle est en fauteuil roulant. Cette réponse de la ministre suscite l’indignation de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, et de nombreux membres de l’opposition comme Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin ou bien encore Fabien Roussel141.

Revirements sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim
Directrice de cabinet de Ségolène Royal en 2014/2015, elle participe à la création de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui inclut une baisse de la production d’électricité d’origine nucléaire à 50 % et la montée des énergies renouvelables à 50 %, loi considérée maintenant comme un acte politique dans le cadre de l’alliance PS-EÉLV et ne reposant pas sur de solides données scientifiques142.

Ministre de la transition écologique sous Emmanuel Macron, en juin 2020 elle mène à terme l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim, qu’elle qualifie de « moment historique, Ça fait des années qu’on disait : Il faut fermer des centrales nucléaires. Il y a ceux qui en parlent, et puis il y a ceux qui le font. Nous, on le fait ». Première ministre en août 2022, elle fait entièrement reposer la fermeture de la centrale de Fessenheim sur François Hollande82.
Décorations
Le 12 juillet 2013, elle est nommée au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur au titre de « préfète de la région Poitou-Charentes, préfète de la Vienne ; 27 ans de services »143

Le 30 janvier 2008, elle est nommée au grade de chevalier dans l’ordre national du Mérite au titre de « ancienne directrice à la SNCF, directrice dans un groupe de travaux publics ; 21 ans de services civils, militaires et d’activités professionnelles »144, décorée le 6 novembre 2008145 puis promue au grade d’officier le 14 novembre 2016 au titre de « présidente d’une société de transports en commun »145. En tant que Première ministre ayant exercé ses fonctions pendant plus de six mois, elle est ex officio élevée à la dignité de Grand-Croix le 22 décembre 2022146.

En tant que ministre chargée des affaires maritimes, elle est nommée ex officio commandeur de l’ordre du Mérite maritime à sa prise de fonction en 2019h,147.

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